Le discours de François Hollande suite aux résultats des primaires citoyennes- Publié le 16/10/2011
"Les primaires citoyennes viennent de livrer leur conclusion.
C'est un succès démocratique considérable. Deux dimanches de suite, près de trois millions de Françaises et de Français se sont déplacés pour désigner le candidat socialiste, celui qui deviendra - en tout cas, c'est l'engagement que je prends - le prochain président de la République, si les Français en décident au mois de mai prochain.
Je veux saluer toutes les électrices et tous les électeurs qui librement, de métropole et d'outre-mer, ont permis cette formidable mobilisation.
Je tiens à saluer tout particulièrement les militants socialistes qui ont organisé le scrutin, dire à tous les élus de gauche et même de droite qui ont facilité la bonne tenue du scrutin la gratitude qui est la mienne, pour que nous ayons là un verdict impartial et transparent.
Ce que nous venons de réaliser, à travers ces primaires citoyennes, est bien plus qu'un exemple, c'est un processus irréversible qui s'imposera à toutes les familles politiques.
Je prends acte avec fierté et avec responsabilité du vote de ce soir qui, avec plus de 55% des suffrages, me donne la majorité large que j'avais sollicitée. Cette victoire me confère la force et la légitimité pour préparer le grand rendez-vous de la présidentielle.
Ce résultat est la première étape d'un long cheminement que j'ai parcouru pendant des années. Il est le produit de la relation de confiance que j'ai nouée avec les socialistes et avec la gauche. Inlassablement, pendant toute ma vie politique.
Ce rapport de confiance s'est enrichi ces dernières années par le travail que j'ai mené pour préparer une démarche qui m'a parue être la plus appropriée, la plus adaptée aux enjeux que notre pays rencontre.
Cette démarche, elle est fondée sur la crédibilité, sans laquelle il ne peut pas y avoir de réussite durable pour un grand pays comme le nôtre. Elle est fondée sur la justice, et notamment fiscale, sans laquelle il ne peut y avoir de cohésion nationale. Elle est fondée enfin sur une grande espérance, celle que je porte et que je continuerai à brandir tout au long des prochains mois, c'est-à-dire offrir à la jeunesse de France, à la génération qui vient, une vie meilleure que la nôtre.
C'est le rêve français que je veux réenchanter, celui qui a permis à des générations durant toute la République de croire à l'égalité et au progrès. Et c'est pourquoi j'ai fait de l'école de la République la grande priorité de ce qui pourra être demain mon prochain quinquennat.
Je mesure la tâche qui m'attend. Elle est lourde, elle est grave. Je dois être à la hauteur des attentes des Français, qui n'en peuvent plus de la politique de Nicolas Sarkozy.
J'ai vu les souffrances durant ces derniers mois de trop de nos compatriotes. J'ai entendu les colères de ceux et de celles qui n'en peuvent plus, les inquiétudes d'un grand nombre, inquiétudes du quotidien: le chômage, la précarité, et puis aussi un logement cher et enfin une santé qui devient de plus en plus inaccessible. Mais j'ai également perçu les inquiétudes qui entourent notre avenir commun: les désordres de la finance, les excès de la mondialisation, les insuffisances de l'Europe et les atteintes multiples à notre environnement.
Je veux donner à notre Nation, à ce grand pays qu'est la France, confiance, qu'elle peut, qu'elle doit retrouver un projet qui lui donnera tout son sens et qui permettra de nouveau d'avancer.
Je veux être le candidat du respect, du dialogue et de la démocratie, le candidat qui donne à voir une autre présidence de la République.
Je n'ignore rien de la dureté des combats qui nous attendent. La droite qui n'a rien à perdre, sauf ce qui lui reste et qui lui est le plus cher, c'est-à-dire le pouvoir, cette droite luttera avec âpreté contre l'idée même de l'alternance.
Mais je ne peux mener ce combat seul.
J'ai besoin de l'unité, du rassemblement, c'est-à-dire d'un parti socialiste solidaire. Je suis un homme de rassemblement, je l'ai montré.
Déjà après le premier tour, j'ai pu - et j'en suis fier - obtenir les soutiens de ceux qui avaient été candidats et qui ne pouvaient pas être présents au second tour: Jean-Michel Baylet, au nom des radicaux de gauche, Manuel Valls, Ségolène Royal, qui fut notre candidate en 2007, et Arnaud Montebourg, à titre personnel. Et ce soir, je veux dire à Martine Aubry que j'ai particulièrement apprécié la dignité qui a été la sienne lorsqu'elle a constaté le résultat. Je veux lui dire tout mon respect et tout le besoin qui est le nôtre de pouvoir travailler ensemble.
Nous serons donc tous unis dans cette grande aventure qui nous attend, dans ce long chemin que j'ai commencé à parcourir et qui ne s'arrêtera que le 6 mai 2012.
Ce soir, Mesdames et Messieurs, Françaises et Français, j'ai reçu un mandat d'une partie d'entre vous, un mandat impérieux: celui de faire gagner la gauche. J'y consacrerai toutes mes forces, toute mon énergie et j'ai la volonté de réussir le changement. Je ferai en sorte d'y parvenir en convainquant de la justesse de notre démarche, de la force de notre projet, de façon à ce que les Français n'attendent pas plus longtemps l'alternance, le changement, dont ils ont tant besoin.
Vive la République et vive la France!"