dimanche 26 février 2012

Patrick Buisson : révélations sur le gourou de Sarkozy - Le Nouvel Observateur - Publié le 16/02/2012

Il est l’inspirateur du virage "à droite toute !" du candidat Sarkozy. Celui qui lui serine qu’il ne doit pas hésiter à aller chasser sur les plates-bandes du Front national pour tenter de se faire réélire. Sans vergogne. Sans pudeur. Sans se gêner. Patrick Buisson, 62 ans, est un militant passe-murailles, un poisson-pilote discret, un homme-passerelle, bref, le prototype de l’éminence grise, imper mastic et œillades mystérieuses inclus.

Aux confins de l'extrême droite

L’intéressé n’a pas eu qu’un seul amour politique, loin de là. Avant de déclarer sa flamme à Nicolas Sarkozy, il a beaucoup batifolé, traînant ses guêtres pendant près de 30 ans dans une multitude d’organisations et de journaux, aux confins de la droite dure et de l’extrême droite. Il a conseillé Le Pen, Mégret, puis Villiers, a dirigé "Minute" et écrit dans une ribambelle de revues pamphlétaires d’extrême droite plus confidentielles. "Le Nouvel Observateur" révèle la face cachée de cet homme de l’ombre. Et publie les écrits passés d’un homme qui n’a pas changé de convictions depuis un quart de siècle, prônant "l’union de toutes les droites", jusqu’aux plus extrêmes, pour régénérer la France.

Patrick Buisson s’épanouit dans ces arrière-cuisines où se concoctent les flirts idéologiques les plus douteux. Un homme d’influence et de réseaux, un catholique fervent capable d’exalter les "racines chrétiennes de la France"… tout en cultivant ses entrées dans les milieux francs-maçons.

Elevé dans le culte de Charles Maurras par un père membre zélé de l’Action française, il a grandi nourri au lait d’un anticommunisme viscéral. Etudiant en Histoire à Nanterre en 1968, il s’y retrouve plongé dans un univers idéologique hostile, dominé par les gauchistes de toutes obédiences. Lui fait ses premières armes militantes à la Fédération Nationale des Etudiants de France (FNEF), syndicat de droite dure qui se place volontiers sous la protection des gros bras d’Occident. A Nanterre, il croise les futurs époux Stirbois, Jean-Pierre et Marie-France.

"Lutter contre le terrorisme intellectuel de la gauche"

De 1976 à 1978, il collabore à "Item", une "revue d’opinion libre" qui se veut "un instrument de réflexion pour lutter contre le terrorisme intellectuel de la gauche". Elle ouvre ses colonnes aux chapelles les plus sulfureuses de l’extrême droite française, depuis les anciens collabos et membres du FN, François Brigneau et Roland Gaucher, au fondateur du GRECE, Alain de Benoist, en passant par les compagnons de Le Pen, Roger Holeindre, Pierre Durand, et Georges-Paul Wagner, ou encore le monarchiste Jean-François Chiappe.

Il se tourne définitivement vers le journalisme en rejoignant l’hebdomadaire d’extrême droite "Minute" en 1981. Il y brosse avec lyrisme l’ascension électorale de Jean-Marie Le Pen, et se lie au leader d’extrême droite dont il devient un véritable ami.