Varmatin.com - Publié le 27/03/2012.
Ce proche de François Hollande admet cependant que l'affaire Mohamed Merah ne modifiera pas les priorités des Français : l'emploi, le pouvoir d'achat et le logement.
François Rebsamen, maire socialiste de Dijon et monsieur « Sécurité » de François Hollande, participera à une réunion publique, demain à 18 h 45, salle Franck-Arnal à Toulon. Il revient aujourd’hui sur l’affaire Merah et l’ambiance de campagne, à un mois du premier tour.
L’affaire Merah va -t-elle modifier la suite de la campagne électorale ?
Je ne le pense pas. La droite a pris l’habitude d’utiliser les problèmes de sécurité à des fins électorales, mais le bilan de Nicolas Sarkozy en la matière n’est pas brillant, loin s’en faut. Certes, il va essayer d’utiliser ce thème, mais cela ne modifiera pas les priorités de cette campagne. Les Français attendent qu’on leur parle de la lutte contre le chômage, de leur pouvoir d’achat et du logement.
Fallait-il gérer autrement l’intervention du Raid ?
On se demande pourquoi, dès le vendredi, quand la preuve a été faite que la même arme avait été utilisée pour abattre les trois militaires à Toulouse et Montauban, il n’y a pas eu qualification d’acte terroriste. Cela aurait permis de regrouper les deux affaires et de nommer immédiatement un juge anti-terroriste. Visiblement, la DCRI a eu des difficultés pour communiquer des éléments d’information sur Merah qu’elle suivait et avait localisé, en sachant qu’il était répertorié comme dangereux et pouvait faire partie du réseau d’al-Qaïda. La police judiciaire a, de son côté, fait un travail formidable grâce notamment à l’article 29 de la loi Vaillant de 2001 qui permet de garder pendant un an les traces des connexions sur les serveurs Internet.
Y a-t-il eu des failles au niveau de la sécurité intérieure ?
Il y a des failles auxquelles la DCRI devra répondre. Par exemple, la décision d’interpeller Merah a été prise mardi soir. Comment se fait-il que cet individu ait pu quitter son appartement ce soir-là pour aller téléphoner depuis une cabine téléphonique à une journaliste de France 24 ? Pourquoi n’a-t-on pas essayé de l’interpeller à ce moment-là ? Pourquoi avoir attendu 3 heures du matin pour intervenir ? Ce sont des questions auxquelles des réponses doivent être apportées.
Les lois antiterroristes proposées par Sarkozy auraient-elles permis d’éviter les crimes de Merah ?
On connaît la stratégie de Sarkozy : un problème, une loi. Depuis 2002, il y en a eu vingt-six ! J’ai demandé à la commission d’évaluation des lois du Sénat, présidée par David Assouline, de faire le bilan de l’existant. Les nouvelles lois proposées par Sarkozy sont identiques à celles qu’il avait déjà évoquées en 2005 après les attentats de Londres et certaines dispositions existent déjà, comme la qualification pénale de l’apologie du terrorisme ou le suivi des voyages à l’étranger. Dire des choses, c’est facile, les transformer en texte de loi efficace, c’est plus difficile.
Est-il toujours opportun de défendre le vote des étrangers ?
Le lien qui est fait est absurde. Il laisserait supposer que ce sont des étrangers qui seraient le plus susceptibles de mener des actions terroristes. Merah est né sur le sol français et était français. Je pense qu’accorder le droit de vote aux étrangers pour les élections locales reste le meilleur moyen d’intégration. D’autant que cette disposition concerne essentiellement des immigrés de la première génération, les plus anciens, et que cela pourrait aider à l’intégration de leurs descendants.
Comment doit réagir Hollande face à Sarkozy qui a repris la main ?
Les sujets qui intéressent les Français sont ceux sur lesquels François Hollande a fait des propositions et ils vont retrouver leur place dans la campagne. Je trouve que François Hollande tient le bon cap parce qu’il est en cohérence avec lui-même. Je crois que la difficulté est plutôt du côté de Sarkozy. Va-t-il rester sur la position qu’il a eue pendant l’affaire Merah, celle d’un président qui se veut rassembleur et protecteur, ou va-t-il reprendre sa campagne pour récupérer les voix du FN ?
Mélenchon toujours plus haut dans les sondages ne risque-t-il pas d’affaiblir Hollande ?
C’est François Hollande qui affrontera Nicolas Sarkozy le 6 mai. La question posée à tous ceux qui soutiennent de bonne foi Jean-Luc Mélenchon est de savoir s’il ne vaut pas mieux donner de la force à François Hollande, dès le premier tour.