dimanche 15 avril 2012

François Hollande au JDD: "Je suis prêt pour présider la France".

Qu'est-ce que qui peut vous faire perdre?

Mais je n’ai encore rien gagné! Nous sommes à sept jours du choix, je ferai campagne jusqu’à la dernière heure. Au-delà des enquêtes d’opinion et de leur versatilité, rien n’est établi. Je dois convaincre les électeurs d’aller massivement voter. Et de me porter au plus haut au premier tour pour rendre irréversible le changement.

D’où vient, pour vous, le risque d’abstention? D’une campagne jugée ennuyeuse? De la crise?

L’abstention est en hausse depuis vingt ans, avec une exception en 2007. Et elle a repris, depuis, à toutes les élections (cantonales, européennes, régionales). Tellement d’illusions ont été créées par le candidat sortant lors de la dernière présidentielle, au point que beaucoup d’électeurs se demandent si la politique peut encore changer les choses. Je veux montrer qu’un autre chemin est possible, fondé sur le respect des engagements et des citoyens. Le contexte de crise pèse évidemment. Il crée de la radicalité – je la partage et la comprends – et de la lucidité dont je veux être le garant. Je ne suis pas un candidat comme les autres, même si je suis un candidat égal aux autres. J’ai une mission particulière : permettre l’alternance et réussir le redressement de notre pays.

Mélenchon monte dans les sondages, une prime au talent?

Ne soyez pas désagréable avec les autres candidats…

Il est la révélation de la campagne…

La vocation d’une campagne, c’est d’élire un président. Pas de produire des révélations. Souvenons-nous des précédents scrutins. Je comprends les colères qui s’expriment sur les dérèglements du monde, les insuffisances de l’Europe et la montée des inégalités en France, je dois les exprimer mais surtout les traduire en actes de gouvernement.

Allez-vous le rencontrer entre les deux tours de la présidentielle?

L’entre-deux tours n’est pas une négociation, un troc, un échange. C’est une dynamique qui se crée et une volonté qui s’affirme. Je n’ai pas de doutes sur la décision que prendra Jean-Luc Mélenchon avec le Front de gauche si je suis au second tour. Et je sais que ses électeurs voudront permettre un rassemblement victorieux. J’aurai donc à écouter leur message. Mais ma responsabilité, c’est de lever une espérance crédible. Je n’ai pas le droit de décevoir, ni de promettre ce que je ne pourrai pas tenir.

Autour de vous, il y a un climat d’euphorie, on se répartit déjà les postes. Normal ou inquiétant?

Imaginer l’élection déjà gagnée serait une faute politique et même morale! Je connais tant de destins inaccomplis, tant d’ambitions contrariées, tant de seconds tours qui ne se sont pas passés comme prévu, pour doucher avec de l’eau glacée toute précipitation. Et nous sommes à trois semaines du second tour et pas encore qualifié pour y accéder. Néanmoins, j’assume, je suis prêt pour présider la France ! Les membres de mon équipe aussi, les premiers textes sont déjà élaborés. Ce n’est pas une anticipation, c’est un devoir. L’enjeu n’est pas simplement de sanctionner un sortant mais de réussir à relever notre pays dans un moment particulièrement difficile.

Le chômage reste la première préoccupation des Français. Vous fixez-vous un objectif de baisse d’ici à 2017?

L’expérience du candidat sortant est suffisamment malheureuse pour ne pas la reproduire. Il avait déclaré en 2007 que sa présidence serait un échec si le taux de chômage ne revenait pas à 5% en 2012. Nous sommes à 10%! Il en paiera le prix. Mais le chômage n’est pas une fatalité. Et j’inverserai la courbe. Avec des mesures de traitement social dans un premier temps complétées par un plan de mobilisation de notre offre de production, notamment des PME. Les "emplois avenir" seront engagés dès la rentrée. Ensuite, le "contrat de génération" sera une incitation forte pour les entreprises à retenir les seniors et embaucher des jeunes. Enfin Pôle emploi sera renforcé : les demandeurs d’emploi seront accompagnés dans un parcours de formation.


Alain Juppé s'est dit scandalisé par l'instrumentalisation de l'affaire Cassez après le déplacement de votre émissaire Michael Vauzelle au Mexique. Que lui répondez-vous?

Michel Vauzelle est parlementaire. Il se rend au Mexique à l’invitation des autorités de ce pays pour préparer le G20 qui se tiendra là bas en juin. C’est sa seule tache. Il n’a jamais été question qu’il porte un message sur la situation de Florence Cassez. Je respecte l’indépendance de la justice mexicaine. Il n’y a jamais eu d’initiative parallèle. Je me refuse à ce type de pratique. La mère de Florence Cassez a compris notre attitude. C’est l’essentiel. La polémique n’avait pas là sa place. Elle n’aurait jamais du être ouverte.